jeudi 6 septembre 2012

La classe moyenne n'existe pas... ou plus.


La classe moyenne n'existe pas... ou n’existe plus, c’est selon.

Dans la série des grand mythes errants, ‘on vous ment tous, on nous dit rien’, voici un concept que j’aimerais clarifier : j’ai nommé les classes sociales.

Il y a plusieurs siècles, dans nos sociétés agraires, il y avait trois grandes classes sociales :
  • Les paysans, serfs, en d’autres mots, le Tiers-État
  • La noblesse
  • Le clergé

Ensuite est apparue La bourgeoisie, petite et haute, qui s’est croisée avec la noblesse au fur et à mesure de l’expansion économique post-Renaissance.
La disparité entre les classes s’est accrue et atteignit des niveaux tellement scandaleux qu’un jour éclata la Révolution Française.
Stigmatisée par des années de famine consécutives à plusieurs mauvaises récoltes (qu’on sait maintenant provoquées par un volcan Islandais qui par ses cendres a assombri le ciel européen pendant plusieurs années, brouillant le climat), le peuple avait faim et n’en pouvait plus de se faire opprimer par des riches qui les exploitaient pour leur propre engraissement.

Quand je parle du Peuple, je sous-entends la classe sociale dominante en nombre mais pas en richesse.
La Révolution a été un événement historique à ce point marquant que les historiens en ont fait une césure entre deux époques de l’Histoire.
Durant cette révolution, on sait ce qu’il est advenu des classes sociales dominantes (dominatrice devrait-on dire): Les nobles se sont fait trancher la tête et l’église s’est fait déposséder de tous ses biens et de son influence avec les décrets de séparation du pouvoir. Dans la foulée, on a décrété que tous (chacun) naissait égaux en droits.

Ensuite vint la révolution industrielle qui a son tour a remodelé l’organisation des classes sociales de la Société :
  • L’exode rural a engendré la classe ouvrière. C’est la classe sociale la plus nombreuse et la plus pauvre ;
  •  La grande bourgeoisie et ce qu’il reste de la noblesse possède les industries et a pris les rennes du pouvoir, ce sont les riches ;
  •  La classe moyenne émerge et on y retrouve la petite bourgeoisie Ce sont principalement les petits commerçants, les avocats, médecins, instituteurs, notaires, les contremaîtres et ingénieurs, etc;
  •  Le clergé ne fait plus partie du tableau et ne contribue plus à la gestion de l’État.

 Fin du XIXe siècle, on en vient à se demander si on avait bien fait la Révolution 100 ans auparavant. La classe dominante en nombre est la classe ouvrière mais comme elle se caractérise par sa pauvreté, les individus qui la composent sont occupés à essayer de dominer leur faim plutôt que quoi que ce soit d’autre. Il suffit donc de quelques bons leaders d’opinion et mouvements populaires bien organisés pour faire peur aux autres et ainsi les convaincre de lâcher du mou dans certains domaines. C’est ainsi que nous avons vu apparaitre l’école obligatoire, jusqu’à 12 ans d’abord, le suffrage universel - des hommes d’abord - et du repos dominical. Le socialisme connait son heure de gloire.

Permettez-moi de caractériser les classes d’alors selon trois critères : richesse apparente – niveau d’éducation – Participation au pouvoir:
  • Classe ouvrière : pas de possessions, pas d’éducation (peu atteignent le Brevet), pas de droit de vote ni de capacité à se faire élire.
  • Petite bourgeoisie : richesse modérée, niveau d’éducation équivalent à Bac+3/+7, participation au pouvoir : ils peuvent voter à cause du système de suffrage censitaire : ils payent leurs impôts et donc ils peuvent participer à l’organisation du pouvoir qui gère ces recettes fiscales.
  • La ‘Haute’ : Richesse élevée, éducation privée et élevée, participation au pouvoir active.
  • Le Clergé : pas de richesse permise, éducation élevée (Bac+5), pas de participation au pouvoir. Le clergé jouait quand même un rôle dans la société car les curés étaient souvent les personnes les plus éduquées qui étaient en contact constant avec la classe ouvrière. Elle était surtout utilisée par le haut pour faire passer les messages et pour calmer les foules et par le bas pour rendre des services propres à leur éducation (lire des lettres et documents était leur activité principale lors du développement de l’administration). Ils ont été depuis remplacés par la télévision (voir plus bas).

 En se basant sur ces trois critères, les classes sociales étaient assez clairement définies et c’est en jouant sur ceux-ci qu’on pouvait évoluer d’une classe à l’autre. En dotant vos enfants d’une éducation élevée, vous les promettez l’accession à la classe moyenne. En vous enrichissant, vous montiez dans la société. Dès l’adoption du suffrage universel, certains ont pu prendre l’ascenseur social en se faisant élire député alors qu’ils ne savaient à peine lire, mais qu’est-ce qu’ils savaient bien parler !

Le XXe siècle a vu ces critères s’effacer peu à peu pour l’illusion de la disparition de ces classes sociales. Le clivage clair s’estompe peu à peu en fonction qu’on éduque l’ensemble de la population, qu’on lui permet de s’enrichir (en apparence, car il s’agit principalement de la pousser à accumuler des biens matériels de consommation) et qu’on lui donne l’impression que son vote compte.

A présent, que reste-t-il de ces classes sociales d’antan ?
Moi je dis qu’elles n’ont pas disparu. Elles sont toujours là. Ce sont juste les critères de définition qui ont changé.

Si les critères qui permettaient de scinder la société en classes il y a deux siècles ne sont plus d’actualité, cela ne veut pas dire que les classes ont disparu. Et c’est là que nous nous faisons enfumer : La classe ouvrière ne porte plus de vêtements sales et actuellement est éduquée au niveau Bac +3, mais elle reste pareille: une masse d’individus exploitée par des employeurs, qui se mettent en grève à la moindre contrariété, qui travaillent toute leur carrière dans le seul but de prendre une retraite bien méritée et dont la richesse se résume à quelques biens personnels et une maison unifamiliale. On veut nous faire croire que c’est devenu la classe moyenne, que la classe ouvrière n’existe pratiquement plus, qu’elle a disparu dans les années 80.

Quand je regarde autour de moi, je vois une classe laborieuse, qui travaille toute la journée, qui a des fins de mois difficiles et qui est toujours autant manipulée par le pouvoir et qu’on veut docile. Auparavant, ils affamaient ces gens pour les garder sous contrôle, actuellement ils le font plus subtilement en les maintenant devant leur télé. La classe laborieuse n’est plus victime de maux de dos ou cals aux mains mais de stress ou de burn-out.
Il y a toujours une classe de bourgeois/riches et celle-ci est plus hétéroclite qu’auparavant car elle a vu l’afflux de ‘nouveaux riches’ qui grâce aux nouvelles technologies ont pu sortir du lot. Mais il y a toujours la distinction entre les riches et les méga-super-giga-riches, qui eux ont la richesse comme seul but dans la vie et la corruption sous toutes ses formes comme moyen de consolider ou augmenter leur statut.
La classe dirigeante, même si elle s’est complètement vidée de son sang bleu se comporte toujours comme des quasi-rois/princes/comtes/ducs… Malgré l’organisation d’élections, ils s’arrangent toujours pour se faire réélire encore et encore, faisant de leurs mandats un statut permanent. On est maintenant homme politique comme on était baron avant : on a la responsabilité d’une communauté sur laquelle on règne et on se persuade qu’on est bienveillants à son égard. On prend cette responsabilité pour la vie et on la cède ensuite à ses enfants. Il y a juste que de nos jours il ne leur faut plus avoir la possession des terres sur lesquelles ils règnent. Il leur suffit de frayer avec les super-méga-riches pour compenser ce manque.

Là où je veux en venir c’est que depuis la Révolution Française et plus précisément la fin de la Seconde Guerre Mondiale, on veut nous faire croire que la richesse a été mieux répartie entre les gens et que les classes sociales qui étaient la plaie de la société passée ont disparu maintenant, tout le monde fait partie de la classe moyenne. Cette illusion est parfaite au point que beaucoup sont persuadés que le monde est meilleur maintenant qu’il n’a jamais été auparavant [insérez ici un débat interminable impliquant des gens de générations différentes]. Cette méprise fondamentale sur l’organisation de la société sera la prise de conscience la plus douloureuse à faire passer lorsque la Crise s’achèvera.
On arrive au terme de la Grande Illusion de richesse perpétuelle, de croissance interminable qui a pu être artificiellement prolongée a la fin des Trente Glorieuses grâce à l’abandon du Gold Standard (voir mon post de hier) et qui n’a été basée que sur du vent.

Et pourquoi croyez-vous qu’ils essayent de nous convaincre par tous les moyens que l’or ne vaut pas la peine, ‘c’est nul, oubliez ca !’ ? L’or postal essaye de convaincre les gens de se délester de leur or sous prétexte que c’est la chose la plus inutile qui leur soit. Achetez plutôt une plus grande TV avec l’argent qu’on vous donnera. Ou une Audi A4 ;-)
L’erreur qui a été commise après la Guerre est d’avoir permis aux classes laborieuses d’accumuler de l’or pendant la Grande Illusion de son enrichissement. On a sous-estimé la sagesse populaire. L’or est historiquement un des rares vecteurs de richesse et pour se faire, il ne faut que le laisser aux riches. Tant qu’il y aura autant d’or dans les mains de la ‘classe moyenne’, les riches/puissants feront en sorte de nous maintenir dans la Grande Illusion, à force de crédits, de papier, de promesses. Mais ils manquent de cartouches. Ils ont tout utilisé, c’est bientôt fini là.

J’ai beau essayer de me convaincre du contraire, mais quelle que soit la façon dont j’observe la société actuelle je ne vois que d’évidentes similarités avec la période d’avant la Révolution Française : Une classe de super-riches qui s’engraisse sur une masse de super-pauvres (richesse et pauvreté étant des notions relatives). La crise alimentaire qui s’annonce va enrichir encore davantage nos amis de Goldman Sax et affamer encore plus les familles de la banlieue marseillaise, dans l’indifférence totale organisée par la classe dirigeante avec le soutien du clergé moderne que sont les médias. La Télé a remplacé les curés : ils sont pour le peuple la première source d’information, d’éducation et d’occupation spirituelle/mentale. Ils ne voient le monde qu’au travers de celle-ci et si quelque chose n’est pas passé à la télé, et bien ça n’existe pas.

L’histoire ne fait que se répéter. Les méthodes restent pareilles, les circonstances aussi. Il y a juste sur le timing que je risque de me tromper.

©the-goldfisher.com

1 commentaire:

  1. Hummmmm que c'est bon de voir noir sur blanc,ce que je rumine régulièrement.

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