Vous pourrez
prétendre ce que vous voudrez, mais en tant qu’économiste diplômé de la Faculté
de Sciences Économiques et de Gestion, j’ai de plus en plus de mal à
interpréter ce qu’il se passe sur le marché de l’or depuis plusieurs mois. J’ai
recensé 6 points pour lesquels je me pose des questions tant le marché ne semble plus réagir à aucune logique
économique de libre marché.
1. Sous le coût de production sans
surproduction !
L’or a
baissé sous son prix de production, non pas à cause d’une surproduction mais à
cause de la chute des prix sur le Comex, ce qui est une incohérence économique.
D’autant plus que comme nous le verrons au point 4, la demande n’a pas
diminué ;
2. Mais où est passé tout l’or loué ?
Il y a 20 ans, lors de mes premiers cours
de socio-économie, on nous enseigna les belles théories de Keynes et surtout
que les Banques Centrales détenaient encore beaucoup d’or et qu’il était très
courant pour elles de donner cet or en location à des banques d’investissement
ou autre agent économique qui le vendaient ensuite au comptant pour prêter les
liquidités ainsi obtenues aux Libor, Bibor, Fribor ou autre Euribor. Cela leur
permettaient d’arbitrager sur le différentiel taux d’emprunt de l’or vs taux
d’intérêts interbancaires. Il y a 20 ans donc, cette notion était communément
acceptée par tous dans les milieux économiques.
De nos jours, le même concept
est nié fermement tant par les banques que par les Banques Centrales, qui
refusent de communiquer les chiffres sur l’or loué, sous prétexte que cela
n’existe pas.
Qu’est-il
advenu de tout cet or loué ?
Les
Banques centrales se sont-elles rendues coupables d’avoir effectué le jeu des
réserves fractionnaires sur l’or ?
3. L’argent est scotché à l’or !
Le cours
de l’argent suit étrangement l’évolution du cours de l’or à la milliseconde
près. Les deux sont corrélés d’une façon telle qu’il est impossible de savoir
lequel initie une tendance car ces derniers temps, ils évoluent quasiment
toujours dans le même sens et les mêmes proportions.
Pourtant
l’or et l’argent sont deux métaux complètement différents avec des applications
différentes et donc des structures de demande différentes et donc des marchés
différents. De plus ils sont issus de canaux de productions différents avec des
volumes produits qui sont différents. En aucun cas ils devraient suivre une
marche identique, à moins qu’ils suivent la cadence orchestrée par un seul chef
d’orchestre.
4. La demande est forte mais les prix baissent !
Depuis le
fin de Bretton-Woods, l’or a toujours été le refuge ultime en cas d’incertitude
sur les marchés : cette année l’incertitude n’a jamais été aussi élevée,
surtout en période de « fin de crise » : souvenez-vous du
‘Fiscal Cliff’, de la crise Chypriote et du ‘Shut down’ : on est à
quelques heures du plus gros défaut de paiement de toute l’histoire de
l’humanité et malgré tout cela, l’or est en baisse. Alors que sur seulement les
15 premiers jours d’octobre l’US Mint a enregistré des ventes équivalentes à
tout le mois de Septembre sur l’or et des ventes d’argent équivalent à 70% de
l’ensemble du mois précédent, tout me laisse croire que la demande est
extrêmement dynamique et forte. Sur n’importe quel marché une demande forte
provoque une hausse des prix mais pas sur l’or.
5. L’AT impuissante.
Un des
meilleurs Analystes Technicien que je connaisse, le Tradausore l'a lui-même avoué
l'été dernier qu'il était devenu inutile de continuer à effectuer quotidiennement l’analyse
technique de l’or tellement l’évolution des cours de répondaient plus à aucune
loi de l’AT. Si le marché évoluait librement comme n’importe quel autre marché
dans une économie libérale, il y a des configurations techniques qui se
retrouveraient inévitablement. Mais pas sur l’or.
6. Des stocks en peau de chagrin.
Depuis la
chute d’avril dernier, les stocks du Comex sont en constante diminution mais
les cours ne décollent pas. On en est actuellement à une once d’or déposée en
garantie dans les coffres du Comex pour plus de 55 onces en position ouverte,
alors qu’avant la crise de 2008 on évoluait sous les 20 onces papier par once
en coffre. Au plus fort de la crise financière d’après Lehmann Bros. On n’a
jamais dépassé les 40, qui correspondaient également à des niveaux de cours
bien plus haut sur l’or (1750$-1920$) que maintenant (1230$-1280$). (voir mon article du 24/9)
Actuellement la grande tendance outre-Atlantique prône le « Less is
More», mais dans ce cas-ci serait plutôt : "Less is even more Less".
Tant que l'on ne
m’aura pas apporté d’explication claire et consistante concernant ces 6
singularités propres aux marché de l’or, je prendrais la propagande officielle sur l'or pour ce qu’elle est : un miroir aux alouettes.
Dès lors, faut-il acheter
de l’or alors ?
Plus que jamais,
si une logique de marché veut que un prix monte et que celui-ci ne monte pas,
cela veut dire qu’il y a une fixation artificielle du prix.
Combien de temps
cela durera ? Cela dépend des ressources des puissances en jeux, mais vu
la taille du marché, elles doivent être colossales.
Mais tout aussi
gigantesques qu’elles soient, elles ne pourront éternellement ignorer l’adage
boursier : « Nul ne peut battre le marché ».
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