lundi 25 novembre 2013

Argent et Or sont moins chers qu'ils ne sont rares !

Les analystes nous mettent souvent le GSR sous le nez comme preuve que le prix de l’argent est sous-évalué.
Selon les sources, celui-ci devrait varier entre 17 et 27 alors qu’il est actuellement au-delà de 62.

Qu’est-ce que le GSR ?


Rapidement pour les novices, le GSR ou Gold-Silver Ratio (Ratio Or-Argent) est un ratio qui donne la quantité d’argent qu’il faut pour acquérir la même quantité d’or. Ce ratio est basé sur leurs cours respectifs. Donc un GSR de 63 veut dire qu’il vous faut vendre 63 onces d’argent pour acheter une once d’or, ou alors la quantité de monnaie nécessaire pour acheter un kilo d’or vous permet d’acheter 63 kilos d’argent.

Pourquoi calculer le GSR ?

Il fût une époque où l’or comme l’argent étaient des métaux précieux monétaires et ceux-ci ont circulé en même temps au sein du même système monétaire. Un système bi-métallique (or-argent) faisait coexister des pièces d’argent et d’or, comme le système du Franc Germinal expliqué ici.

Afin de garantir la stabilité de ce système, il fallait que la quantité d’argent équivalente une valeur de pièces d’or devait respecter le rapport de chaque métal disponible. En somme, quatre pièces d’argent de 5F et une pièce d’or de 20F devaient contenir une quantité respective d’or et d’argent selon une proportion qui ne dévalorisait pas l’autre métal. C’est alors qu’on a choisi de suivre la proportion d’abondance de chaque métal dans la nature, ce qui permettait d’atteindre le meilleur équilibre. Vous me suivez toujours ?

Les déséquilibres provenaient surtout du fait que tant l’or que l’argent avaient des usages autres que monétaires, pas beaucoup mais assez que pour pouvoir créer des petits déséquilibres. La quantité produite par les mines pouvait aussi faire varier l’abondance relative de l’un par rapport à l’autre et déstabiliser le système. D’ailleurs aucun système bimétallique n’a survécu de nos jours. Le seul reliquat qu’il en reste est le GSR.

En résumé, afin de garder un équilibre le plus stable entre les deux métaux précieux, il était impératif de fixer une parité or/argent la plus proche de celle qui est présente dans l’environnement accessible, c.-à-d. la terre.

Qu’en est-il depuis la mort du bimétallisme ?

Depuis la fin du dernier système monétaire basé sur un de ces deux métaux on n’a pas vu de réelle réévaluation des ratios qui avaient été établis à l’époque et qui étaient basés sur des données scientifiques nettement moins précises que ce qu’on peut trouver actuellement grâce à la science moderne. 

Le GSR et son prédécesseur, le ratio-or argent du bimétallisme étaient basés sur le postulat que la valeur de l’argent et de l’or dépendaient de leur abondance relative sur terre. Il a été fixé à 15 ½  durant le 19e Siècle. Mais qu’en est-il actuellement ?

Ces deux métaux ont étés relégués au rang de ‘Matières Premières’, au rayon des ‘Métaux Précieux’. Est-ce qu’un GSR est encore pertinent de nos jours, sachant que le prix peut être sujet à d’autres facteurs que simplement leur abondance relative, comme la demande subite de l’un des deux pour un besoin industriel particulier qui fait l’objet d’une évolution frénétique ?

C’est ce que je vais essayer de démontrer ci-dessous.

Ceux qui se sont déjà endormis à ce stade, vous pouvez fermer la fenêtre et sortir, les autres attendez-vous à apprendre quelque chose.

La question est celle-ci : 

le GSR actuel est-il trop élevé ?

Autrement dit: l'or et l'argent sont-ils correctement évalués ?
Pour y répondre, j'ai décider d'aller vérifier par moi-même sur base des données géologiques et économiques disponibles.

Mes hypothèses de départ sont les suivantes :

  • Un métal est « précieux » parce qu’il est cher. S’il est cher c’est parce qu’il est rare. La rareté des métaux précieux est donc un facteur déterminant majeur dans le processus de la fixation de leur prix.
  • Le nombre d’onces d’or d’argent équivalent à une once d’or devrait se rapprocher de leur rareté relative dans la nature, tout comme ce serait le cas pour les autres métaux précieux. 


La rareté d’un élément dans la nature c’est ce qu’on appelle en chimie « l’occurrence ». Si on calcule l’occurrence sur la surface de la Terre, on parle d’occurrence crustale, car seule la croûte terrestre est techniquement exploitable par l’homme (en-dessous il fait trop chaud et au-dessus il n’y a rien). Elle s’exprime en part pour un million et au plus l’occurrence est petite, au plus l’élément en question est rare.

Pour pouvoir tester le GSR, j’ai étendu mon champs de recherche aux deux autres métaux précieux qui côtoient l’or et l’argent sur les marchés, qui ont également un code ISO monnaie mais qui surtout font beaucoup moins parler d’eux : Le Platine (Pt) et le Palladium (Pd).

L’occurrence crustale a été estimée selon plusieurs méthodes dont les données sont consultables dans le tableau disponible ici :

J’ai repris ci-dessous les donnée qui nous intéressent. J’y ai inclus les cours du jour pour mes calculs plus bas, que j’ai pris sur xe.com.
Je ne suis pas assez expert en la matière pour déterminer laquelle des méthodes de calcul d’abondance est la plus appropriée pour mes calculs, j’ai donc tout simplement pris la moyenne des trois pour calculer les ratios.

Abondance Crustale des Métaux Précieux :


Là on peut déjà constater que les métaux par ordre de rareté sont : L’argent, le palladium, le platine et l’or.

L’or est le plus rare de tous les Métaux Précieux sur Terre !

Tiens, ce n’est pas le platine qui est plus rare que l’or ? Pourtant il me semblait que c’est ce qu’on dit partout pour justifier le prix plus élevé du Platine par rapport à l’or. Et bien voilà un mensonge de moins qui vient de disparaitre du paysage de ma candeur.

L’exercice que je vous propose ci-dessous est le suivant : à partir de ce tableau je vais calculer les abondances relatives et les comparer aux prix relatifs pour voir si ceux-ci correspondent. Les conclusions sont édifiantes, vous verrez.

Voici donc pour commencer, la comparaison des occurrences crustales terrestres (essayez donc de placer ce terme dans une conversation pour voir) :

Ratios d'abondance terrestre relative :


J’ai colorié en orange le nombre d’onces d’argent disponible sur terre pour une once d’or, qui correspond au GRS naturel, et oh ! surprise :

Le GSR Naturel est de 27,4 !

Si on compare les raretés relatives calculées par les chimistes, l’argent est 27 fois plus bondant que l’or. Un GSR proche de l’occurrence naturelle devrait du coup être du même niveau. Comme le GSR  est actuellement de 62 sur base de la valorisation en dollars, on pourrait supposer que soit l’argent est sous-évalué, soit l’or est surévalué. 

Ensuite, calculons les ratios de valorisations relatifs pour déterminer par comparaison si leurs prix relatifs sont proches de leurs occurrences relatives :

Ratios de valeurs relatives en USD:


A nouveau j’ai mis en évidence le GSR en orange. La case en jaune et celle en vert sont les deux variantes du Ratio Palladium-Platine. Si vous les comparez avec leur occurrence, vous verrez qu’ils sont très proches !

Cela veut dire que le prix du palladium exprimé en platine est équivalent à leur proportion sur la croûte terrestre ! L’un par rapport à l’autre sont parfaitement évalués. Il faut 1,94 once de Palladium pour acheter une once de platine alors que dans la nature on trouve 1,87 once de palladium par once de platine. Avouez que c’est tout de même très proche !

Les Ratios Pt/Pd valident donc l’hypothèse que leur prix est une fonction très proche de leur rareté relative sur la surface de la Terre.

Dans le même esprit, vous constaterez que ces deux métaux (Pd, Pt) comparés à l’or et l’argent laissent apparaitre des divergences alors qu’un des écarts les plus grands est notre fameux GSR !

Ma conclusion est que le marché peut fournir des valorisations relatives proches de leur abondances naturelles sur le marché des métaux précieux.

Pourquoi tant de divergence avec l’Or et l’Argent alors que le Platine et le Palladium semblent correctement valorisés ?

Tout comme dans le show business, regardez les stars : ce sont celles qui ont tendance à se livrer aux plus grands écarts. Par contre, ceux qui sont dans l’ombre de l’anonymat se comportent naturellement.

Pt et Pd sont les anonymes de la place, ceux qui ne font pas l’objet d’enjeux stratégiques ou de bataille médiatique. Du coup, ils sont loin de l’enfer de la spéculation et de l’arène aux lions des bullions banks, Hedge Fiunds et autres manipulateurs professionnels assoiffés de profits.

L’or et l’argent en revanche font l’objet de commentaires quotidiens et de batailles médiatiques, de guerre des nerfs et de manipulations de plus en plus évidentes. La comparaison ci-dessous en tous cas si elle ne le prouve pas, elle met au moins en évidence qu’il y a un déséquilibre fondamental entre la valorisation relative et l’abondance de ces métaux.

Quelle valorisation pour l’or et l’argent ?

Le marché fournit donc une valorisation du Palladium et du Platine qui sont directement proportionnels à leur rareté.
Poussons la curiosité plus loin et demandons-nous quels devraient être les cours de tous les métaux précieux s’ils étaient évalués de la même façon que le Platine et le Palladium ?
Pour les évaluations suivantes, j’ai prix comme base le ratio d’occurrence relative naturelle par le prix du métal de référence :

Les tableaux ci-dessous donnent le des quatre métaux en supposant à chaque fois qu’un de ceux-ci est correctement évalué et que les autres devraient êtres évalués de la même façon en se basant sur l’occurrence relative du métal de référence. La troisième colonne donne l’écart par rapport au prix actuel de chaque métal :


Vous pouvez voir clairement que si on base les prix sur le Palladium ou sur le Platine, l’un comme l’autre seront évalué à un prix proche de leurs cours actuel, avec une variation de 3 à 4%, ce qui est minimal.
Par contre, c’est pour l’or et l’argent qu’on peut se faire du souci :

Or : 1900$, Argent 70$

Exprimé par rapport à l’occurrence relative du Pt et du PD, l’argent devrait subir une réévaluation de 250% au moins et avoir un cours naviguant aux alentours de 70$ l’once. L’or quant à lui, s’il était évalué de la même façon que sont évalués le Pt et le Pd sur les marchés devrait valoir entre 1911$ et 1979 $ l’once !

De l’autre côté, si on devait réévaluer le Platine et le Palladium de la même façon que l’Argent est évalué sur le marché, ils devraient tous deux subir une chute de 71% ! Quel crash, n’est-ce pas ? L’or par contre devrait lui valoir 545$, ce qui serait équivalent à un peu plus d’un quart de son plus haut historique de 1920$ il y a deux ans.
Lorsqu’on prend l‘or comme référence, Pt et Pd se prennent une veste de 35% mais l’argent serait toujours à la fête de plus du double de ce qu’il est maintenant !

Conclusion

Lorsque j’eus l’idée de me pencher sur les occurrences relatives des métaux précieux, je ne m’attendais pas à trouver de tels écarts. Ce qui m’étonne et me rassure à la fois c’est que je retrouve des proportions proches de leur occurrence relative sur Pt et Pd. Le prix de l’or et de l’argent par contre n’ont l’air d’avoir aucune relation avec leur degré de rareté sur terre et sont tous les deux sous-évalués par rapport à celle-ci.
En d’autre mots : L’or est l’argent valent moins chers qu’ils ne sont rares.

L’argent est-il sous-évalué ?!

Une chose  crève les yeux ici : la valorisation de l’argent est extrêmement loin de sa rareté relative par rapport aux autres métaux. Dans l’hypothèse où l’argent serait correctement évalué (ce que j’en doute), ce sont les autres métaux précieux qui risquent de se prendre une correction historique. Dans le cas où les autres métaux seraient correctement évalués, et bien il ne vous reste plus qu’à en accumuler si vous voulez profiter de sa hausse, si tant est que vous vous attendez à ce que son prix se rapproche de son degré de rareté sur terre.

L’or subit le même sort mais en moins violent. La valorisation relative qu’on trouve en suivant cette démarche démontre que même à son niveau record de 1930$ il n’a pas atteint sa ‘Fair Value’ naturelle.


Critique du mécanisme de fixation des prix

Cette analyse me permet de sérieusement remettre en question les mécanisme de fixation des prix des métaux précieux Or et Argent, surtout depuis leur dépréciation d’avril 2013 et toutes celles qui ont suivi. Une baisse de prix laisse supposer une abondance de vendeurs sur le marché mais elle ne s’est pas accompagnée de livraisons physiques correspondantes. Je l’ai déjà relevé dans un post précédent et je risque bien d’y revenir. L’or mais surtout l’argent sont fondamentalement sous-évalués comme métaux précieux, ce qui constitue selon moi une excellente opportunité d’achat. Le prix des actifs finit toujours à long terme par rejoindre sa valorisation fondamentale, et ce n’est pas Warren Buffet qui va me contredire (il a fait fortune en jouant sur ça justement)
Si un déséquilibre survient temporairement suite à des variations de la demande ou de l’offre, celles-ci en général s’amenuisent dans le temps.

Dans la configuration actuelle de la marche des cours de l’or et de l’argent, on constate très souvent que les deux métaux évolue en parfaite synchronisation : ils montent et ils baissent dans les mêmes proportions et en même temps, ce qui est une aberration monumentale. Ces mouvements ne sont pas naturels.

Une chose est certaine : le système de fixation des prix actuel est générateur de déséquilibres et on finira par atteindre un point où les tensions ne seront plus supportables et le marché va se corriger violemment. Il y a clairement plus d’argent sur le marché papier qu’il y en a de disponible sur terre par rapport aux autres métaux précieux. Les USA et l’Inde ont rapporté cette année des ventes record d’argent. La demande est toujours là, les prix n’ont visiblement pas suivi. La patience paiera, j’en suis persuadé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Linkwithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Sélection vendeurs top fiabilité

Suivez The Goldfisher sur Twitter